Il n'y a pas grand chose à dire. C'est grand, le ciel n'a pas de bout là bas. Les rues ont été coupées par de gros ciseaux un peu maladroitement, mais elles se tiennent raides quand même. Les fins ont juste été un peu torchées. Les avenues brulantes ne semblent pas avoir de bouts non plus. Elles partent clandestinement d'entre deux maisons et viennent s'emboutir dans la mer. Entre les deux maisons et la mer, il y a des boutiques, des échoppes un peu sales, des marchés improvisés. Les devantures n'ont jamais été changées pour la plupart, elles sont devenues toutes déglinguées. Il y a des maisons anonymes bien sûr, toutes les unes à coté des autres, les fenêtres sont raccourcies, juste de quoi laisser filtrer le soleil. Le jour, tout est innondé de lumière: impossible de voir quoi que ce soit en fait, il n'y a que des voitures, des trottoirs, des bouffées brulantes qui assèchent la rétine, la gorge. Plus rien n'a de nuances. Des rues, de l'asphalte, toujours la même chose. L'âme de la ville revient plus tard, la brise pré-nocturne souffle alors un jazz maladif, pas très harmonique, grinçant, brisé par l'âge et le soleil. Les gens sortent, ils ferment leur boutique, ils parlent un peu de tout, pour s'occuper, ils sourient un peu puis ils s'en vont. Il y a un charme de feuilleton là dedans. A downtown, les égouts fument, les impasses deviennent sombres, les errants ressemblent à des guerriers sortis de
Mad Max, avec un énorme sac plastique sur le dos, la rue est à eux. Puis la nuit. Sur Holywood Blvd, tout le monde devient fou. Les travelos, le cuir, des gens qui dansent. Le gros mexicain avec moi avait l'air gêné, il bégayait que les gens étaient étranges ici. Ils prenaient de la drogue et tout. Des déviants quoi. Hahaha. Il avait vraiment l'air désolé.
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