Sunday, December 09, 2007

au premier étage c'était chinatown. j'étais l'égaré. le mec qui ne se fait pas livrer toute sa bouffe de chez empire of china. Il y avait de la moquette partout, et elle avait littéralement asborbé toutes les odeurs de nems, tous les bols de sauce renversés et tous les dégueulis, tu vois il y avait de grandes taches noires et ça sentait comme dans un sac de linge sale. mais les chinois s'en branlaient bien. j'avais un gout de pourri au bout de langue, un relent de mauvais sushi. ça ressemblait à une autre impasse. et tout le monde baignait dans une joyeuse apathie; il y en avait qui étaient là pour un an et qui ne bougeaient même plus du campus, il se terrait avec leur wifi et leur stock de plats chinois. ils avaient plein de blé, et j'imaginais à chaque fois leurs parents, bien contents d'avoir envoyé leur fils dans une quelconque école de management aux Etats-Unis. tu vois le truc.

[…]

je me suis retrouvé au milieu du bronx vers 11h du matin et le soleil cognait déjà comme une brute. Je savais pas trop ce que je faisais là, la nuit avait été courte et je me sentais un peu las de déambuler au milieu des garages, des groceries insalubres et des canivaux bouchés par les journaux gratuits. Et tous ces commerces qui tournaient de l'oeil paisiblement, avec leurs paires de pompes violettes/bleu fluo à 10 $, à se cramer la gueule au soleil comme du papier à cigarette. Je dérivais tranquillement a milieu de tout ça ça et là ça ça bref. J’ai laché 5 $ à une grosse black et elle m’a ouvert les portes de son zoo, c’était marrant. Le koncept. Il y avait pleins de méta humains dehors qui se battaient contre la chaleur contre le béton contre la vie –atmosphère Dune « ground control, les réserves d’eau sont à sec » - et moi j’allais voir des girafes, des singes, des dauphins. une petite blonde m’a demandé si tout allait bien sympa merci je suis fine fine fine j’ai fumé une dernière cigarette que j’ai essayé de lancer dans la crinière du lion et je me suis cassé.

[…]

La frontière entre l’easy listening et le néant débile a toujours été mince. Il y avait Steely Dan en fond et je regardais par la fenêtre. De la muzak. J’avais la tête débordant de merdes, de filles, de frustration tellement puérile, de brume. J’arrive à me convaincre un peu près périodiquement que tout va bien, que je sais où ça va. Je pourrais aussi bien sauter de mon balcon, ça ce serait un revers sur le destin. Quand tout se casse la gueule, il y a l’easy listening, ce vide plein d’harmonie arc en ciel. When denial is the best alternative. Cette musique si peu encrée dans quoi que ce soit, juste contente de remplir l’espace, neutre, comme l’est une chaise ou un bouton de porte. Comme les images qu’on nous distribuait au cp quand on était vraiment sage. Des mauvaises peintures d’écureuil de familles heureuses d’enfant blondinet. Quand j’écoute Steely Dan, j’ai presque à chaque fois une vision incongrue – ahaha j’aime tellement ce mot – celle de Kevin Ayers complètement défoncé avec trois poupées blondes titubant sur une plage de St Tropez au levé du soleil.

I use to learn the saxophon

And I play just what I feel

Drink scotch whisky

All night long

And die behind the wheel

[…]

Babe –abz- désolé pour le paquet je te filerai tous ces trucs à Noël je suis dé-bor-dé no kidding. J’ai à peine le temps d’aller pisser alors aller à la poste.

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

qd tu reviens à paris tu me files ces paquets depuis le temps, je te rends le dictionnaire des mythes littéraires (ahah), et je t'accueille plus décemment promis

2:22 PM  

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